mercredi 28 février 2007


En Chinois, ça se prononce "wu zhi" et ça veut dire "ignorance"... Je l'ignorais !



Hier soir, j'entendais un journaliste de la Radio romande annoncer qu'il lisait la première phrase de La Peste de Camus et citer :

« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : “Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.” Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier. »

Quelques instants plus tard, il s'émerveillait de ce que le standard téléphonique de la RSR avait été sur le point de sauter, s'excusa de sa confusion avec L'Etranger et conclut sur le champ que ses auditeurs étaient du troisième âge.

C'est comme ça qu'on a le sentiment de prendre un coup de vieux.

Ce matin l'affichette du Temps annonçait une querelle d'experts au sujet de la découverte de l'ossuaire du Christ. Et me suis dit qu'il y a trente ans, un tel débat aurait sans autre été classé sans autre dans le bêtisier du jour sinon qu'il aurait peut-être suscité un bref éditorial sur la faiblesse de l'enseignement de l'école du dimanche et l'opportun retour des notes.

Encore un coup de vieux en d'autres termes.

Pourtant, on peut confondre La Peste et L'Etranger tout aussi bien en étant jeune que vieux; ou encore voir dans le jeudi de l'Ascension une fête religieuse ou un bien agréable pont du mois de mai, sinon prendre les deux joyeusement.

Alors quand, comme à Genève, il y a tentation de culture clanique, il faut se souvenir que la Culture est la somme de toutes ses expressions, même si parfois, elles paraissent mutuellement peu compatibles; que personne ne peut prétendre à la connaître dans son universalité, mais y fait son chemin par une succession de choix qui amène à aimer ou ne pas aimer, choix non dépourvus d'un arbitraire initial qui, pour ma part, me font ignorant de ce que beaucoup savent.

vendredi 23 février 2007

Mayday, Mayday, Mayday


La Tribune d'aujourd'hui consacre trois pages à la démission annoncée du Président et du Vice-Président du Grand-Théâtre. La commenter d'un seul mot "Désastre !"

Aucune information pertinente n'est encore disponible à ce sujet. C'est donc trop tôt pour connaître exactement le motif d'une décision extraordinaire par sa gravité et prise par deux personnalités de premier plan, donc sans doute longuement mûrie et consécutive à une longue souffrance.

Mais ce qui mérite d'être déjà entrepris ce soir, sans espérer être complet, c'est l'inventaire de la disparition des théâtres en Ville de Genève :

octobre 2003 : suppression de la subvention au Théâtre Para-Surbeck : motif, ce théâtre n'est pas assez ouvert aux artistes genevois autres que MM Claude Para et Luc Surbeck. En fait, c'était pour transférer cette subvention (86'000 francs) au Teatro Malandro d'Omar Poras qui fonctionnait alors très bien en s'en passant.

octobre 2003 : tentative de suppression de la subvention au Théâtre du Caveau, sauf à ce que son directeur M. Fernandez accepte de quitter sa salle au profit du Théâtre Pitoëff. Monsieur Fernandez cède, s'en est-il bien trouvé ? C'est très improbable.

octobre 2003 : tentative de demander au Théâtre Confiture de M. Cohen de quitter la Cité Bleue où il jouait depuis des années pour reprendre le Casino-Théâtre.

Mars 2004 : tandis que la Ville et le Théâtre des Montreurs d'Images négocient une convention devant couvrir les années 2004 à 2007, Monsieur Mugny met fin aux négociations et fait passer la subvention à zéro. Il est battu par son Conseil municipal

Septembre 2005 : suppression de la subvention au Théâtre de Carouge au motif que les contribuables carougeois payent un impôt municipal plus avantageux que les genevois.

Juillet 2006 : C'est au tour du Théâtre de l'Orangerie, plus particulièrement son directeur M. Chardet d'en être expulsé. Motif : le nécessaire changement. Toujours est-il que le théâtre n'annonce plus aucun spectacle depuis l'été 2006 et rien pour 2007 !

Novembre 2006 : supression de la subvention au Teatro malandro pour cause de mauvaise gestion financière.

Février 2006 : suppression de la subvention au Festival de la Bâtie, motif faiblesse du comité

Février 2006 : quel futur au Grand-Théâtre ?

A Paris, on fermait, dit-on, des thâtres pour construire des parkings. C'était triste et scandaleux. Mais si à Genève, c'est parce qu'ils déplaisent au responsable de la culture et qui se croit Prince que tant de lieux sont fermés ou menacés, comment qualifier de telles disparitions ?

jeudi 22 février 2007

Un long silence, comment faire autrement !

Crise au parti libéral genevois, devoir de pudeur vis-à-vis de l'inutile querelle personnelle, devoir d'humilité à l'endroit de l'entier des femmes et hommes politiques qui tous perdent un peu de leur crédit et de leur sincérité, craindre plus encore les vanités.

D'ordinaire, une nouvelle chasse l'autre et aux préoccupations d'un jour succèdent de nouvelles préoccupations chacune pareillement affligeantes; c'est alors la routine du temps.

Au parti, il faut le reconnaître, on joue un mauvais feuilleton, sans intrigue, ni matière, mais il semble qu'il doive durer. A tout le moins on semble y maîtriser cet art. On y use d'un peu de l'orgueil des hommes, pas beaucoup, mais suffisamment pourtant pour cacher l'évidente vacuité des propos qui déchirent.

Je n'ai jamais vu un seul épisode de Dallas ni de Top-Models, performance peut-être, mais pire performance encore, celle de me trouver aujourd'hui figurant dans le triste show genevois joué non moins quotidiennement.

Mais puisque figurant je suis, alors venir comme un souffle sur cette scène; y affirmer que j'aime ce parti, ses idées et chacun qui le compose, dire ma reconnaissance pour chaque débat qui s'y tient me rappeler et redire que ses valeurs sont tout à la fois, parce qu'elles sont indivisibles, la liberté, la responsabilité et la solidarité et qu'il n'est de plus grand honneur que d'être élu pour les porter et les défendre, d'être candidat pour démontrer combien elles sont siennes.

Alors oser le cris

VIVE LES LIBERAUX GENEVOIS !

l'entendre à son oreil, s'en réjouir et retrouver l'usage de la parole.

dimanche 18 février 2007

Tous, partie civile au procès Swissair

A Bülach, c'est le temps du réquisitoire et des plaidoiries

"Ce n'est pas un procès politique !" affirmait le Procureur,

égrenant chiffres rouges et dates noires,
états financiers trompeurs et pilotage obstiné,
comme la litanie des (mal) sain(t)s.

Alors la Défense répliquera
Prévisions aussi fiables que la météo,
pressions politique et bancaire,
état de nécessité et risque d'entrepreneur.

Aussi bien que les crimes financiers retenus
pourquoi ne pas avoir retenu celui de brigandage ?

L'enrichissement : 2 milliards, versés cash par la Confédération.

L'usage de la contrainte : un grounding stratégiquement imposé le 2 octobre 2001, alors que des fonds avaient été mis à disposition ce même jour à hauteur de 73 millions, quand 17 millions étaient nécessaires quotidiennement (voir SonntagsZeitung du 1er octobre 2006) et qu'il n'était donc pas nécessaire, du moins laissait-il le temps de rechercher et peut-être trouver des solutions, l'indisponibilité des bailleurs de fonds, le Conseiller fédéral Leuenberger désespéré face à l'inutilité de son téléphone auquel personne ne répondait et la nécessité pour lui de prendre la décision qui s'imposait, sauver l'honneur de la nation et payer la rançon que les dirigeants de Swissair exigeait.

La victime : qui n'est pas victime ? le personnel de la compagnie bien sûr, mais chaque citoyen qui s'identifiait à Swissair, orgueil national, orgueil jusqu'alors bien placé, tant elle incarnait les valeurs suisses, tant elle identifiait le pays et tant chacun s'identifiait à elle.

Le symbole est devenu un mythe, nous avons chacun été volé de ces deux milliards, les dirigeants de Swissair l'ont manifestement fait avec conscience et volonté, usant de la violence qu'est le désespoir.

Oui, brigandage, il y a bien eu; alors, tous partie civile pendant qu'il est encore temps !

jeudi 15 février 2007

Revoilà la censure

Hirschhorn "Democracy Hotel"


Revoilà la censure, pour une fois, Patrice Mugny n’est pas en cause (mon blog du 15 janvier), mais cela ne réjouit personne pour autant.

L’auteur est politique, la censure est toujours politique, sorte de frilosité du pouvoir confronté à la libre expression d’un artiste à qui il attribue une expression incompatible avec sa propre politique. (Il y a peu on reconnaissait encore cette race de censeurs par le port de lunettes noirs, même à la nuit tombée).

Ainsi donc à Zurich, on mâtera Salo ou les 120 jours de Sodome sur son lecteur de DVD plutôt que le regarder sur grand écran, subtile différence.

Ce qui pour ma part me sidère, c’est qu’un film qui pouvait être vu librement il y a 30 ans, sous réserve de la limite d’âge, qui a été diffusé ensuite avec une régularité certaine dans les rétrospectives consacrées à Pasolini ou encore en ciné club, un film donc que chacun a pu voir ou choisir en toute connaissance de cause de ne pas voir, puisse, une génération après interroger le censeur, plus spectaculairement encore, l’amener à frapper.

Qu’est-ce qui aurait donc changé en 30 ans ? La morale, sans doute pas ou certainement pas vers plus de rigueur.. L’éthique alors ? Sans doute, la pauvre, mise à toutes les sauces et transformée en une valeur collective et donc politique alors que sa nature est de parler à l’âme de chaque individu, la voilà au service de l’oppression des idées. Pourtant, ce n’est pas l’éthique héritée de 2500 ans d’histoire qui a changé, mais l’idée qu’on s’en fait au supermarché des idées prémâchées.

Ce qui a changé, c’est au nom de l’éthique, le politiquement correct érigé en dictature, en tant que valeur collective qui se substitue au libre arbitre dont l’homme contemporain ne serait plus digne.%

mercredi 14 février 2007

Happy Valentine's Day


Sur le tapis de roses et de tendres promesses du 14 février, l’Union Européenne apporte sa contribution par une déclaration d’amour, à sa façon, avec ses mots et surtout son souci pédagogique.

Comme une mère, elle nous enseigne ainsi qu’il n’y a pas d’amour sans dispute, et qu’au sujet de ses propos que chacun considère comme une rupture de fiancailles, « il faut donc les prendre, non comme une déclaration de guerre commerciale, mais comme une étape dans la consolidation de nos rapports. » Mais entretemps, la fiancée est priée de ne plus porter la bague !

Il faut laisser à l’Europe un art consommé dans la dispute qui mérite bien un joyeux blog :

Premièrement, choisir un sujet sur lequel il n’y a pas de compromis possible. Les chaussettes directement dans le panier à linge sale plutôt que de les laisser traîner n’importe où, c’est le classique; la fiscalité cantonale à l’égard de laquelle la Confédération n’a pas de compétence fait pour l’EU tout aussi bien l’affaire.

Ensuite, aligner les reproches, dressés comme un inventaire ni original ni pertinent, c’est toujours efficace pour ruiner toute tentative de défense. C’est quand l’amoureux à la tête dans les mains qu’il écoute le mieux, c’est bien connu

Avoir sous la main des arguments de mauvaise foi du style « la prétendue distinction entre les niveaux fédéral et local est dénuée de pertinence étant donné que, d’une manière générale, toutes les strates de l’Etat sont concernées. » A quoi servirait-il qu’il ait la tête entre les mains, si l’amoureux osait encore lever les yeux.

Encore ne pas manquer d’affirmer sa supériorité avec des phrases abscondes du style « les avantages fiscaux en faveur des sociétés d’administration mixte ne découlent pas de la nature ou de l’organisation du régime fiscal suisse dans la mesure où ce régime ne distingue pas entre les bénéfices de source suisse et de source étrangère. » Là lever les yeux, c’est prendre le risque de passer pour un sot qui ne comprend même pas les reproches qu’on lui fait. Laisser passer donc, se dire qu’aux roses, il n’y a pas que des épines, mais aussi des pétales, parfois un parfum.

Là, la dispute pourrait s’arrêter, faute de combattant, elle laisse encore un espoir de réconciliation pour les plus habiles.

Mais le risque à ce stade c’est de se laisser emporter par cette victoire trop facile et revenir sur des vieux trucs, du style la belle-mère qui… Parce que là, tout à coup, l’amoureux reprend pied, se défend, riposte et alors, gare à la vaisselle ! Et l’EU n’y a pas manqué, elle a trouvé son vieux truc à elle, un traité de 1972 et peu importe que ni l’esprit ni la lettre ne justifient un quelconque propos sur la fiscalité et les aides directes ou indirectes.

Alors, à la St-Valentin, entre Berne et Bruxelles on casse la vaisselle, mais comme le dit si sagement la Commission, ce n’est qu’une étape dans la consolidation de nos rapports. L’amour grandirait-il donc quand ensemble on balaie les débris, se penche avec gentillesse sur la paume blessée, recherche des lunettes pour en ôter quelques fragments si bien instillés qu’ils menacent d’infecter tout le corps ?

Si c’est ça l’amour, alors l’amour c’est une subvention directe de Bruxelles à la maison Araldit ! Bruxelles devrait penser à l’interdire !

jeudi 8 février 2007

Maison du Bout-du-Monde

Il était au Bout-du-Monde, la Maison du Bout-du-Monde qui portait bien son nom. Quand il n'y avait pas école, elle appartenait aux enfants et des générations de genevois ont tout appris de Marie-Claude sa généreuse animatrice dont l'imagination était inlassable et l'élan contagieux. Le soir les jeunes adultes l'investissaient, refaisant le monde au café ou le parcouraient en s'initiant alors à l'Internet balbutiant, le tout sous l'autorité aimable de Jame qui y veillait sur chacun. Aux étages, les enfants rentrés chez eux cédaient la place à des adultes en quête de perfectionnement ou de recyclage et les professeurs dont quelques uns du poly de Lausanne y dispensaient leurs leçons jusqu'à très tard dans la nuit.

Peut-être que le bout du monde, c'est aussi le début du monde. En tout cas on pouvait le croire.

Jusqu'à ce que la politique s'en fut mêlé. Le malheur de la Maison du Bout-du-Monde fut qu'elle était la propriété de la Ville de Genève. Alors on lui chercha des poux dans la tête, il n'y avait pas assez de ceci ou peut-être trop de cela, le débat condamna aussi bien Marie-Claude que Jame, en 1996 la Ville ferma la maison, la résistance a été longue, mais elle fut vaine. Merci Fabrice de m'avoir entraîné dans ce combat.

Dix ont maintenant passés. Hier on l'inaugurait après quelques travaux. Mais surtout, combien d'errances, de souffrances inutiles, d'erreurs pathologiques d'affectation pour essayer de réinventer la Maison du Bout-du-Monde qu'au passage fut débaptisé comme pour en effacer le mal.

Elle est devenue aujourd'hui, comme si c'était une découverte, un espace de vie enfantine, toujours sous la direction de l'infatiguable Marie-Claude et l'on y parle déjà d'un projet d'y accueillir le soir jeunes adultes et adultes. Je soufflais alors que cela ne fonctionnerait qui si on confiait cette responsabilité à Jame. Sourires entendus.

10 ans à tourner en rond pour revenir enthousiaste au point de départ. Est-ce bien ça un bilan politique ?

mercredi 7 février 2007

Méfiez-vous des contrefaçons

Notre ami BALC aime à répéter ce slogan cher à Karl Zéro. Si celui-ci est la honte du journalisme, BALC, il faut le lui accorder, c'est la honte du libéralisme. Et puisque la blogosphère est par nature ouverte, fidèle à cette devise, il a son lien sur ce site, je vous renvoie à lui avec plaisir.

Pour constater qu'il est aussi crypto-communiste que Christian Grobet se revendiquait du néo-communisme lui qui rêvait d'ériger un mur autour de Genève pour la purifier des étrangers accusés de tous les maux, xénophobie mesurée chez BALC au remarquable coefficient d'enfermement de 100 %. Même le MCG ne ferait pas mieux.

Pour observer encore son antagonisme viscéral de l'Etat, en particulier avec un taux de sensibilité sociale de 0 %, ce qui est une performance, sans être hostile à l'ordre et à la sécurité, ce qui est nécessaire avec un tel programme. Alors je vois déjà les camps d'éducation au travail poindre à l'horizon, les syndicats déclarés hors la loi et la légitime rébellion matée, à la chinoise. Mais il me répondra que la Chine a un taux de croissance de 10 % et que c'est là preuve que la recette est bonne et que c'est objectif sage que de vouloir l'appliquer. Aveuglé qu'il est devenu.

Pour BALC et sa droite libérale, la liberté n'est associciée ni à la responsabilité, ni à la solidarité. Pourtant la liberté, sans la responsabilité ni la solidarité, ce n'est pas la conscience des choix, en cela c'est la négation de l'homme. Mais il faut pardonner à BALC, son jeune âge ne lui a pas encore permis de découvrir Platon. Gageons qu'ensuite de sa lecture, puisque c'est un homme intelligent, il aura compris le sens du mot société.

N'étant pas sectaire je vous renvoie à l'entier du site de smartvote.ch Pour ma part, je trouve que le portrait qui y est fait de moi est sans doute juste puisqu'il me dit que BALC et Pagani me sont également incompatibles, totalement incompatibles, ce que j'ai toujours pressenti.

dimanche 4 février 2007

Hommage à mon père

Je passais sous le soleil de dimanche par les ouvrages d'art de la dernière née des autoroutes romandes, la liaison entre Yverdon et Neuchâtel et appréciais à sa juste valeur les efforts d'intégration de la chaussée dans le vignoble, en fait des murs de pierres séches à foison et hors de prix.

Cela m'a ramené à la table d'un dîner familial, je devais avoir 8 ans, mon père était d'humeur sombre. Alors, il avait la responsabilité de la réalisation de la première des autoroutes construites en Suisse de Genève à Lausanne, expo nationale oblige, et il venait de se faire tancer par le Conseil d'Etat pour avoir habillé les talus entre la chaussée et le tablier de ses ponts d'un dallage de pierres sombres qu'il avait fait venir du Valais. Le chantier fut arrêté sur le champ et aux dalles de pierre il dut substituer les plus standards pavés de béton tirés du plus banal des catalogues des objets usinés. De ce dîner, je me souviens de la peine de mon père quant au peu de cas qui était fait de sa volonté d'intégrer cette réalisation dans le paysage.

C'était il y a 43 ans, probablement. Un jour ou l'autre le Temps vous donnera raison. Je ne suis pas bien sûr que ce soit vrai. Ce qui est faux l'est toujours et ce qui est vrai aussi. Ce n'est ni le temps, ni l'opinion commune qui donnent raison, c'est le regard et l'attention que l'on porte aux choses qui distinguent ce qui est juste de ce qui ne l'est pas.

samedi 3 février 2007

A Brobdingnag, Gulliver était un nain






San Antonio, dans l'inoubliable "les Cons" nous rappelait, si nécessaire, que l'on est tous le con de quelqu'un d'autre.

Le Conseil d'Etat du Canton de Genève sait rappeler au Conseil administratif de la Ville de Genève qu'elle est son nain et il ne manque aucune occasion pour l'en lui faire prendre la mesure.

La dernière en date, c'est bien sûr sa mise en demeure de rembourser sous 10 jours la part d'impôts que l'Etat avait versée en trop à la Ville en se trompant pourtant par sa faute et lourdement dans ses prévisions (largement plus de 100 millions de francs), allouant ainsi des recettes pendant plusieurs années avant d'en demander le remboursement immédiat.

Ce n'est évidemment pas un crime de demander le paiement de ce qui est dû, mais ce qui traduit particulièrement ce mépris, c'est l'attitude de l'Etat sans égard pour un débiteur dans l'impossibilité d'honnorer ses obligations alors qu'il n'est lui-même solvable que par les seules volonté et générosté de ses prêteurs.

Cela me rappelle fâcheusement la parabole du serviteur mauvais. Et comme dans la parabole, comment réagirait l'Etat si ses propres créanciers agissaient à l'identique vis-à-vis de lui.

Le Conseil d'Etat, dit-on, s'emporte dans un rire gras, long et forcé chaque fois qu'il lui serait fait référence à la Ville de Genève. Cela il faut le lui pardonner de bonne grâce, tant il est vrai que Genève est gouverné par des nains.

Ce n'est pas cela qu'elle mérite, bien au contraire Genève est immense dans le coeur du monde et sa responsabilité particulière, faite de son héritage dont la sauvegarde et son développement n'est pas une responsabilité citoyenne comme on aime dire aujourd'hui, mais un devoir de tous les genevois vis-à-vis du monde. Et d'être le porte-parole,c'est la responsabilité de la Ville et de ses élus. Puisque c'est le temps des élections, c'est aussi celui de remédier à ce qui doit l'être.

Parce que Genève est un géant et parce que les genevois la portent par leur dignité d'en être.

jeudi 1 février 2007

Sourires et robotique


Je déjeunais ce midi avec une spécialiste des robots, non pas des robots ménagers, mais de ceux des feuilletons télévisés des années 60, qui se déplaçaient - en général sur une autre planète - parlaient, répondaient aux questions saugrenues mieux que wikipedia tout en préparant le café d'un main et réparant le véhicule de l'autre.

Elle ironisait sans dépit "30 ans déjà d'efforts persévérants, de nuits sans sommeille de sa part comme d'autres brillantes intelligences pour produire ce robot qui soit l'équivalent de l'homme, alors que l'homme existe déjà"

Avant de s'expliquer plus avant : "On construit depuis longtemps des robots sur un modèle de main à 3 doigts parce qu'il est impossible de faire un robot avec 5 doigts et que trois doigts suffisent. Pourtant essaie donc de faire une boulette de riz et la porter à ta bouche en n'utilisant que trois doigts, pense à la soie que tu froisses dans ta main et vois que ce sont l'annulaire et l'auriculaire qui sont les plus actifs et les plus gourmands, observe ta caresse, la main est asservie complètement à l'annulaire et l'auriculaire qui la guident et suscitent les émotions. A un robot, cela personne ne pourra jamais le lui appliquer".

C'est alors une vanité d'homme que de construire un monde qui nous propose des machines qui pastichent l'homme. Le voir et le reconnaître, c'est aussi dire que c'est une sottise de vanter les marchés aux puces d'ici ou d'ailleurs et de chiner sur e-bay, de parler des miches dorées de sa boulangère et de se faire livrer de blafardes baguettes surgelées par le leshop.ch, de savoir l'affection et l'attention que nous porte notre libraire qui veille prudemment à nous maintenir éveillé et se confier pourtant à amazon.com, et tant d'autres exemples, comme des fatalités quotidiennes.

De quel monde rêvons-nous et quel monde mettons-nous en place ? Qui nous propose ou nous impose ce projet, le savons-nous vraiment ? Ces questions sont celles de la nature du pouvoir et du sens de la société commune. Et à ces questions, si la réponse était "je ne sais pas" ce qui est bien ma réponse, alors à quoi serviraient les débats sur une nouvelle Constitution, ici à Genève, ou là-bas en Europe. Et si personne ne se posait cette question, alors c'est sereinement, à l'image des moutons de Panurge que l'on "s'obstinera à faire des robots qui ressemblent à l'homme sans voir que l'homme existe déjà !"

Je confesse un soupçon. Si un tel robot existait, il ne remplacerait pas l'homme qui existe malgré le robot, mais bien la démocratie. Et comme je crois à la démocratie plus qu'à la robotique, samedi, j'irai faire les puces, comme on dit en parler genevois et me réjouis de vous y rencontrer.