mercredi 14 février 2007

Happy Valentine's Day


Sur le tapis de roses et de tendres promesses du 14 février, l’Union Européenne apporte sa contribution par une déclaration d’amour, à sa façon, avec ses mots et surtout son souci pédagogique.

Comme une mère, elle nous enseigne ainsi qu’il n’y a pas d’amour sans dispute, et qu’au sujet de ses propos que chacun considère comme une rupture de fiancailles, « il faut donc les prendre, non comme une déclaration de guerre commerciale, mais comme une étape dans la consolidation de nos rapports. » Mais entretemps, la fiancée est priée de ne plus porter la bague !

Il faut laisser à l’Europe un art consommé dans la dispute qui mérite bien un joyeux blog :

Premièrement, choisir un sujet sur lequel il n’y a pas de compromis possible. Les chaussettes directement dans le panier à linge sale plutôt que de les laisser traîner n’importe où, c’est le classique; la fiscalité cantonale à l’égard de laquelle la Confédération n’a pas de compétence fait pour l’EU tout aussi bien l’affaire.

Ensuite, aligner les reproches, dressés comme un inventaire ni original ni pertinent, c’est toujours efficace pour ruiner toute tentative de défense. C’est quand l’amoureux à la tête dans les mains qu’il écoute le mieux, c’est bien connu

Avoir sous la main des arguments de mauvaise foi du style « la prétendue distinction entre les niveaux fédéral et local est dénuée de pertinence étant donné que, d’une manière générale, toutes les strates de l’Etat sont concernées. » A quoi servirait-il qu’il ait la tête entre les mains, si l’amoureux osait encore lever les yeux.

Encore ne pas manquer d’affirmer sa supériorité avec des phrases abscondes du style « les avantages fiscaux en faveur des sociétés d’administration mixte ne découlent pas de la nature ou de l’organisation du régime fiscal suisse dans la mesure où ce régime ne distingue pas entre les bénéfices de source suisse et de source étrangère. » Là lever les yeux, c’est prendre le risque de passer pour un sot qui ne comprend même pas les reproches qu’on lui fait. Laisser passer donc, se dire qu’aux roses, il n’y a pas que des épines, mais aussi des pétales, parfois un parfum.

Là, la dispute pourrait s’arrêter, faute de combattant, elle laisse encore un espoir de réconciliation pour les plus habiles.

Mais le risque à ce stade c’est de se laisser emporter par cette victoire trop facile et revenir sur des vieux trucs, du style la belle-mère qui… Parce que là, tout à coup, l’amoureux reprend pied, se défend, riposte et alors, gare à la vaisselle ! Et l’EU n’y a pas manqué, elle a trouvé son vieux truc à elle, un traité de 1972 et peu importe que ni l’esprit ni la lettre ne justifient un quelconque propos sur la fiscalité et les aides directes ou indirectes.

Alors, à la St-Valentin, entre Berne et Bruxelles on casse la vaisselle, mais comme le dit si sagement la Commission, ce n’est qu’une étape dans la consolidation de nos rapports. L’amour grandirait-il donc quand ensemble on balaie les débris, se penche avec gentillesse sur la paume blessée, recherche des lunettes pour en ôter quelques fragments si bien instillés qu’ils menacent d’infecter tout le corps ?

Si c’est ça l’amour, alors l’amour c’est une subvention directe de Bruxelles à la maison Araldit ! Bruxelles devrait penser à l’interdire !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Comme juriste et défenseur du fédéralisme, j'ai eu le même réflexe de rejet que toi de la démarche de l'UE! Mais à en croire cet article de l'excellent Domaine Public, ce qui est en cause est bel et bien de la compétence fédérale puisqu'il s'agit de la loi sur l'harmonisation...